Suivre la trace
Tatiana Bailly, Johann Fournier, Aline Isoard, Anthony Morel
Orangerie du Parc de la Tête d’Or – 69006 Lyon
Entrée : 18 av. Verguin, puis à droite – 6 minutes à pieds
Du mardi au dimanche 12h – 19h
Exposition du 30 sept. au 15 oct. 2023
Commissariat Blandine Boucheix et Jean-Louis Ramand
Suivre la trace
Notre définition du paysage reflète nos manières de l’habiter par les traces que nous lui imprimons, tel un palimpseste de nos sociétés successives. Dans cet enchaînement d’influences, comment créer un lien nouveau ?
L’équilibre se dessine à chaque instant et l’œuvre devient témoin de cette expérience questionnant notre impact collectif sur le monde. À leur tour, les quatre artistes se saisissent de notre environnement, le captent par l’image et l’expérimentent pour en faire une matière nouvelle où la part de la nature et la part humaine se complètent en un microcosme, reflet de la vie qui nous entoure. Leur pratique plongera le spectateur dans un voyage entre installations et photographie plasticienne sensible.
Tatiana Bailly – Vestiges rêvetus 1 – Dessin, photographie et techniques mixtes sur papier, 50 x 65 cm, 2022
Tatiana Bailly
l’artiste vit et travaille à Lyon. Issue d’une formation en broderie d’art, elle s’attache à la rencontre entre son fil et les éléments naturels, mais aussi avec le papier, matériau à part entière autant que support. L’imprévu a toute sa place : celui du contact, de la réaction des matières, de la fusion (in)attendue… Traits au crayon, grattages et fils se mêlent, se complètent, se confondent. Les matériaux textiles pénètrent la photographie ; le temps méditatif de la création ou celui de la dégradation naturelle jouent à leur tout un rôle souvent imprévisible.
Que ce soit en volume ou sur la platitude de l’image, son processus se transforme par la rencontre de la matière, la porosité des possibles mélanges, l’impact du temps destructeur. La nature et sa temporalité particulière, bien souvent oubliée dans notre quotidien, jaillit de ces expériences. Qu’elle soit support de broderies, inspiration colorée ou hôte des œuvres, elle ouvre toujours à une collaboration qui s’oriente vers la fusion…
Loin de la maîtrise totale, l’artiste se laisse surprendre et guider. La matière vivante habite ses œuvres autant qu’elle les porte. Dans cette union permanente, chacun est invité à redécouvrir ses propres perceptions, son appréhension du monde et du vivant, qui rappelle l’unité d’un tout, bien au-delà des multiplicités d’approches.
Site Web de l’artiste : ICI
Johann Fournier – Bleus Refuges (série les Refuges invisibles) – Photographie, impression pigmentaire, 100 x 66 cm, 2020.
Johann Fournier
Installé dans le Gard, Johann Fournier explore la nature environnante pour en saisir des bribes, des instants suspendus qu’il recompose telles les toiles d’un rêve. Photographe, vidéaste et scénariste, il s’approprie un matériau issu du réel pour en créer des univers oniriques, qui oscillent sur l’infime limite entre songe et réalité.
Dans ces paysages recomposés, les êtres sont souvent solitaires ; le temps se suspend en une fascination contemplative. L’expérience du réel se trouve captée, découpée puis numériquement recomposée en une image nouvelle qui nous perd dans les méandres de l’intime. L’envers du regard se dévoile enfin à nos yeux, sous la sensibilité de récits que nous dévoile l’œil du photographe.
La déconstruction du réel permet d’en saisir l’essence, la sémantique profonde de l’expérience. Nous en sommes à la fois les créateurs et les captifs ; pourtant, elle nous porte toujours plus avant vers la découverte du lien perpétuel entre visible et songe, universel et confidentiel. La nature se fait support de nos errance, complice de cette compréhension nouvelle.
Johann Fournier a commencé de présenter ses travaux photographiques en galerie en parallèle de ses études d’arts plastiques. Il a ensuite choisi de se consacrer uniquement à sa pratique artistique et expose aujourd’hui en France comme à l’étranger.
Site Web de l’artiste : ICI
Aline Isoard – Paysage sur route 75-2021 – 60×60 cm. Dépigmentation sur tirage photographique, oeuvre unique.
Aline Isoard
L’artiste vit et travaille à Perrigny, dans l’Yonne. Formée aux arts plastiques dès le lycée, la photographe regarde le monde du prisme de ce qu’elle qualifie d’atelier mobile : la voiture dont elle est passagère. De ce jeu de mouvement, de cadrage évolutif où le regard évolue sans cesse, elle observe des paysages qui défilent ou s’enchevêtrent.
Formes et couleurs s’y trouvent déclinés par l’effet des fenêtres et des rétroviseurs ; verre et miroirs jouent leur rôle de prisme (dé)formant, sur lequel le regard doit s’adapter au fil des variations. Elle y capte des reflets, des ambiances, des impressions de lieux traversés qu’elle traduit par le matériel photographique.
Après impression, sans travail informatique préalable, son intervention consiste en la soustraction d’encre pigmentaire. Cette dépigmentation photographique crée une œuvre unique née d’un cliché aux formes et perspectives perturbées. Le spectateur ne saura plus reconnaître ce qui est réellement de ce qui est perçu par l’artiste ; son regard se focalise sur cette image mixte où se mêlent photographie, peinture et dessin.
Aline Isoard nous offre ainsi un regard particulier sur l’universalité, dans des images dont elle réalise elle-même le tirage pour ensuite parfois les intégrer à ses sculptures. Ses travaux sont exposés en France, partagés lors d’interventions auprès des publics, voire réalisés dans le cadre de commandes publiques.
Site Web de l’artiste : ICI
Anthony Morel – Pendant la mue, le serpent est presque aveugle… – Photogrammes de mues de reptiles cyanotype, tanins de sumak et sulfate de fer, 2022.
Anthony Morel
Suite à son DNSEP obtenu avec félicitations du jury, Anthony Morel a été assistant, régisseur et photographe pour des plasticiens et centres d’art, plus particulièrement pour Erik Samakh qu’il a accompagné durant cinq ans. Depuis 2012, il se consacre à sa pratique personnelle, en parallèle d’un travail d’enseignant en prépa École supérieure d’art et d’animation de workshops.
Sa démarche de photographe questionne toute la chaîne de production de l’œuvre : il réalise son propre matériel de prise de vue et s’inspire des méthodes de tirage du XIXe siècle, ère préindustrielle, ce qui l’amène à l’usage du citrate de fer comme sensibilisateur. Ce dernier réagit au contact de matériaux naturels, prélevés sur le lieu de la prise de vue, tels les tanins de plantes, des charbons produits à partir de ressources naturelles, etc.
Face aux enjeux environnementaux, son travail se veut écoresponsable mais interroge également notre manière d’être au monde face aux bouleversements actuels. Dans le choix de ses sujets, il sait montrer notre impact sur le paysage, mais également l’autonomie d’un vivant avec lequel nous cohabitons quotidiennement.
Anthony Morel présente ses œuvres en France et à l’internationale dans le cadre d’expositions personnelles, collectives ou de festivals.
Site Web de l’artiste : ICI